Lockout à l'aluminerie ABI
à Bécancour au Québec
Les Métallos entreprennent une campagne mondiale pour forcer Alcoa à négocier une convention collective acceptable pour les travailleurs
Les délégués au Congrès d'orientation du
Syndicat des Métallos ovationnent les travailleurs en lockout de
l'aluminerie ABI de
Bécancour le 4 avril 2019.
Lors du Congrès d'orientation du Syndicat des
Métallos, tenu à Vancouver du 2 au 5 avril, il
a été annoncé que le syndicat organise une
campagne mondiale pour dénoncer le lockout
décrété par le cartel Alcoa/Rio Tinto contre les
travailleurs de l'aluminerie ABI à Bécancour au
Québec. Le lockout dure maintenant
depuis 15 mois. Le Syndicat des Métallos exige que le
cartel mette fin au lockout et négocie une convention collective
qui est acceptable aux travailleurs. La campagne mondiale est
centrée sur la dénonciation des pratiques
antiouvrières d'Alcoa qui est le propriétaire d'ABI
à 75 %.
Le président international du Syndicat des
Métallos, Leo Gerard, s'est engagé à organiser des
actions dans les pays où Alcoa a des installations, des
fournisseurs et des clients pour forcer la compagnie à mettre
fin à son diktat contre les travailleurs d'ABI et à
entreprendre des négociations. La campagne mondiale a
débuté avec la participation
d'une délégation des Métallos canadiens à
la
Conférence nationale du Syndicat des travailleurs australiens
qui a eu lieu du 7 au 9 avril. La délégation
était composée du directeur canadien du Syndicat des
Métallos, Ken Neumann, et de deux représentants des
travailleurs d'ABI, dont le président de la section
locale 9700, Clément Masse. Le
directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, a
annoncé que des travailleurs d'ABI en lockout se rendront
à Pittsburgh le 8 mai prochain pour intervenir lors de
l'assemblée des actionnaires d'Alcoa.
La délégation du Syndicat des Métallos à la
Conférence nationale du
Syndicat des travailleurs australiens les 7, 8 et 9
avril 2019
Clément Masse a livré un discours aux
plus de 600 délégués présents au
Congrès des Métallos à Vancouver dans lequel il a
expliqué que
la direction d'ABI n'a jamais négocié avec le syndicat
des travailleurs d'ABI depuis le début de ce conflit. Il a dit
que toutes les offres de la direction ont été
présentées comme des offres « finales »
que les
travailleurs doivent accepter ou bien être frappés d'un
lockout. Aucune d'entre elles n'a été le fruit de
négociations entre les deux parties. La plus récente
« offre finale », présentée en mars
dernier, mettait la hache dans toutes les conditions de la convention
collective, que ce soit le régime de retraite, le nombre des
emplois syndiqués, les
horaires de travail, l'organisation du travail et les
libérations syndicales, a dit Clément. Alcoa y modifiait
les textes de la convention de façon à donner le pouvoir
à la direction d'ABI de faire les changements qu'elle
désire sans qu'il soit possible au syndicat de les contester,
même en vertu du processus établi de griefs. Il en
était de même du
protocole de retour au travail qui n'avait jamais été
discuté avec le syndicat. Ce protocole imposé, que les
travailleurs ont rejeté massivement, était si à
sens unique que la compagnie se donnait le droit de le suspendre ou de
l'annuler à tout moment.
Clément Masse (au centre) au Congrès d'orientation de
Vancouver, le 4
avril 2019, avec le directeur canadien du Syndicat des
Métallos, Ken
Neumann, ( à gauche) et le directeur québécois des
Métallos, Alain
Croteau
« Ils ont pris une position pour casser le
syndicat, pour s'attaquer au coeur de notre syndicat », a
dit Clément Masse aux délégués. « On
est un syndicat qui est fort, qui se tient debout. On a tout le temps
confronté l'employeur et on s'est tout le temps battu pour faire
respecter notre convention et exiger que nos membres soient
respectés.
Avec cette offre de l'employeur, on ne pourrait plus faire de syndicat.
Ce n'est pas un combat uniquement pour nous autres. Je pense que cette
attaque-là qui est faite à notre syndicat c'est une
attaque à tout le mouvement syndical au Québec et au
Canada. Si l'employeur arrive à nous briser, les employeurs vont
prendre le modèle chez nous et
essayer de l'étaler partout à la grandeur du
Québec et du Canada. On ne lâchera jamais notre combat. On
vous demande votre appui et on va vous le demander encore. On va livrer
le combat jusqu'à temps qu'on ait un contrat
négocié avec notre employeur. »
À la suite de son discours, les
délégués se sont succédé au micro
pour annoncer un appui financier de la part de leur section locale ou
de leur district. Plusieurs ont utilisé l'occasion pour ajouter
à l'appui financier qu'ils fournissent déjà. Selon
les Métallos, environ 100 000 $ d'appui financier ont
été recueillis au Congrès. Plusieurs
délégations ont ramené des formulaires de demande
d'appui fournis par le Congrès pour faire voter d'autre appui
financier une fois revenus dans leur région.
Le Syndicat des travailleurs de l'usine d'embouteillage de Coca-Cola
(STECSA) au Guatemala a envoyé un chèque de 1 000 $ pour
appuyer les travailleurs d'ABI. Le syndicat a rappelé le
rôle crucial que l'appui international à leur lutte
avait joué lorsque les travailleurs ont fait face à la
répression la plus violente, pendant les années 1980 et
après, de la part de la compagnie et de l'oligarchie et sa
police, son armée et ses forces paramilitaires. Le nombre de
sections locales de syndicats qui fournissent de l'appui financier aux
travailleurs d'ABI se monte maintenant à plus de 400 au
Québec, au Canada, aux États-Unis, en Australie et
maintenant au Guatemala.
Cet article est paru dans
Numéro 12 - 11 avril 2019
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Lockout à l'aluminerie ABI
à Bécancour au Québec : Les Métallos entreprennent une campagne mondiale pour forcer Alcoa à négocier une convention collective acceptable pour les travailleurs
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